Le FMI et la monnaie numérique : un appel à l’action des banques centrales

Amman, 19 novembre 2018

« Même si la monnaie numérique ne fait pas l’unanimité, elle mérite d’être envisagée avec sérieux, attention et créativité. »

Le monde des paiements est sur le point de connaître une révolution et le discours bien ficelé de Mme Christine Lagarde, la directrice du FMI, prône cette révolution en donnant le coup d’envoi aux banques centrales du monde entier de façon à ce qu’elles évaluent l’importance de leur rôle en proposant une monnaie numérique réglementée par la banque centrale.

Alors qu’il apparaît maintenant clair que la technologie du grand livre distribué s’applique à de nombreux secteurs différents, le manque de préparation de l’industrie financière a été jusqu’alors mal interprété. Nous savons pertinemment que le bouleversement engendré par la monnaie fiduciaire a déjà commencé et qu’il est maintenant urgent et inéluctable pour les banques centrales d’accepter le caractère évolutif de la monnaie.

« Quel sera le rôle de l’argent liquide dans ce monde numérique ? On voit déjà dans les vitrines des affichettes indiquant « pas de paiement en espèces », s’est interrogée Mme Lagarde à l’occasion du discours qu’elle a prononcé au Singapore Fintech Festival 2018.

ProgressSoft Corporation, qui a été le précurseur de cette révolution, a développé PS-CBDC, une monnaie numérique de la banque centrale reposant sur la technologie Blockchain. Il s’agit d’une forme de crypto-monnaie à la pointe de la technologie, hautement sécurisée, et qui repose sur la forme la plus éprouvée de la technologie du grand livre distribué assorti d’autorisations. Cette solution élimine la nécessité d’une compensation, d’un règlement et d’un rapprochement des transactions en permettant le transfert instantané des droits sur la monnaie numérisée, doublé d’un taux de change individuel rattaché à une monnaie fiduciaire.

« Cette monnaie pourrait répondre à des objectifs de politique publique, tels que l’inclusion financière, ainsi que la sécurité et la protection des consommateurs, et assurer une chose que le secteur privé ne peut pas garantir : le respect de la vie privée lors des paiements. » a révélé Mme Lagarde.

En effet, non seulement PS-CBDC permet d’effectuer des transactions sécurisées en temps réel sans intermédiaire - ce qui contribue à l’inclusion financière - mais elle promeut l’interopérabilité entre les écosystèmes financiers existants, tout en préservant la confidentialité des données Blockchain et l’anonymat des transactions. D’autre part, seule la banque centrale a autorité sur PS-CBDC, et c’est précisément ce qui lui confère la légitimité dont elle a besoin pour devenir une monnaie acceptée ; elle est règlementée. Il s’agit d’une solution de pair à pair entièrement décentralisée, sans aucun point d’échec et comportant des étapes multiples de validation et des protocoles de consensus. Elle fournit des écritures immuables de transactions et mouvements d’argent qui sont rapprochées dans le grand livre, et offre la possibilité d’interroger le solde des transactions en temps réel pour l’ensemble des portefeuilles enregistrés dans PS-CBDC.

PS-CBDC permet également d’appliquer des règles commerciales et des règlementations de façon autonome en exécutant des contrats intelligents et en intégrant des documents complexes au processus de paiement (par ex. des prêts immobiliers ou des contrats commerciaux). La Banque centrale dispose de fonctionnalités de gestion des identités lui donnant la possibilité d’enregistrer, d’inscrire ou de résilier les utilisateurs de réseau qui ont été autorisés sur la base de plusieurs autorités de certificats, ainsi que de privilèges particuliers qui lui permettent de remplir ses fonctions monétaires.

« En d’autres termes, la banque centrale s’occuperait de ce qui constitue son avantage comparatif, à savoir les services d’exécution et de liquidation, et les institutions financières et les start-ups seraient libres de se concentrer sur ce qu’elles font de mieux, à savoir innover et servir leur clientèle. C’est la quintessence du partenariat public-privé » a déclaré Mme Lagarde lors de son intervention.

PS-CBDC offre aux banques centrales ce qu’elles attendent depuis longtemps, à savoir une forme de monnaie qui agisse comme un moyen d’échange essentiellement gratuit, une réserve de valeur sécurisée et une unité de compte stable.

Maintenant qu’une monnaie perfectionnée est disponible et que le coup d’envoi a été donné aux banques centrales, les pays s’adapteront-ils rapidement, ou resteront-ils à la traîne, incapables de mobiliser les vents rapides du changement ?